Quand l’actualité est éternelle, l’esprit humain est naturellement enclin à ne plus y voir qu’un événement attendu, ritualisé, sans portée autre que routinière sur la vie. Et pourtant, ce 10 Chevat marque la 70ème année de la prise de fonction du Rabbi. Le chiffre seul est en soi évocateur, comme désignant un nouveau stade d’action. C’est que le monde constitue par essence une limite alors que ce nombre, par ses implications mystiques, indique un degré d’infini. Reste à savoir comment le faire descendre dans le quotidien, dans la trop simple, ou trop complexe, conscience humaine…

C’est que notre monde est devenu très largement conduit par une recherche constante d’une immédiateté illusoire. Le temps est loin où la réflexion, avec ce qu’elle exige de durée et de sérénité, avait sa place. Le développement des technologies de communication, l’ascension fulgurante des réseaux sociaux ont bouleversé les systèmes anciens. Voici que le temps de penser subsiste de moins en moins et que la seule aspiration permise est celle d’un changement continue, au moins apparent. Dans un tel contexte, s’arrêter sur une date à message fondateur, la vivre, devient un acte de résistance. Une telle date nous permet d’évaluer nos actions, de relire les jours écoulés et de s’interroger sur la pertinence de nos choix.

On a coutume de dire que le monde change ; ce changement est sans doute inéluctable mais il peut aller dans le sens que nous lui indiquerons. Car nous sommes les acteurs et non les jouets de l’avenir. Le Rabbi, dès sa prise de fonction, sut fixer la ligne directrice de ce qui n’était alors qu’un potentiel. Révéler la nature du monde en tant que « jardin de D.ieu », c’est l’enjeu et le défi du temps. Loin des postures commodes, c’est à ce choix que le 10 Chevat nous invite. Que choisissons-nous ou mieux, quel monde voulons-nous ? En ce 10 Chevat, de toute la puissance portée par ce jour, c’est de chacun de nous, de chacun de nos actes que dépend la réponse.