Etonnante actualité. Voilà que les médias s’émeuvent du sort des rejetons d’une monarchie européenne, apparemment simple résidu du passé comme les affectionnent les nostalgiques d’un âge d’or fantasmé. Ce qui se résume, finalement, à un fait divers folklorique a pourtant un côté qui oscille entre le mystérieux et le mystique. A quoi tout cela sert-il ? Les ors, les palais, les uniformes et les atours, qu’attend-on donc d’une telle institution ? Certes, diront les avisés, il y a là un symbole fort : l’unité de la nation, le passé glorieux, l’histoire transmise de génération en génération… Mais, en une période où, partout dans le monde, tous les mécontentements éclaten, y a-t-il toujours une place pour des notions au parfum si délicieux de noblesse surannée ?
Et si, dans l’idée de royauté, il y avait quelque chose d’autre, plus profond et plus puissant ? Il faut se souvenir de ce moment où, dans le texte biblique, les Juifs demandent au prophète Samuel la nomination d’un roi, innovation pour notre peuple en ce temps-là. Et Samuel de refuser avant que D.ieu lui ordonne d’accepter, c’est ainsi que Saül sera désigné. Dans cet échange, une dimension plus haute de la fonction royale apparaît : le roi est chargé de rattacher son peuple à D.ieu, de transmettre à tous la connexion avec la source même de la vie. C’est cette même conception qui attribue au Machia’h la fonction de roi. Lui l’assumera avec toute la grandeur et la vérité nécessaires.
Et aujourd’hui, l’actualité nous dit qu’un cas de refus d’assumer se produit sous nos yeux. L’interrogation ainsi soulevée va loin : peut-on renoncer à une telle fonction sans mettre à mal la conscience d’un peuple ? On ne s’aventurera pas à donner ici une réponse qui ne regarde que les protagonistes de l’affaire. Mais, si rien n’a d’importance, ce n’est qu’un jeu de fanfreluches et de colifichets et il vaut sans doute mieux revenir à l’essentiel.