Dans le judaïsme, la notion de « retour » revêt des significations d’une richesse multiforme. Dans son sens majeur, le mot renvoie à l’idée de « Techouva », spécifiquement de « retour » à D.ieu. C’est ainsi que, dans tout retour, il y a une dimension de recommencement, comme un nouveau départ dans un monde nouveau. C’est précisément ce que les circonstances nous conduisent à entreprendre aujourd’hui.
De fait, les hommes vivaient dans une routine savamment, et sans doute inconsciemment, entretenue. Ils travaillaient, consommaient, se distrayaient, dormaient jour après jour, sur un rythme quasi immuable. Pour beaucoup, c’était là le bonheur. Il est vrai que l’horizon est plus facile à conquérir lorsqu’on décide qu’il est plus proche… Et voici que la grave crise sanitaire que nous subissons a éclaté. Voici que le « confinement » est venu réduire à néant ces habitudes si rassurantes. Brutalement, avec une violence inouïe, tout s’est brisé comme un fragile cristal et chacun s’est retrouvé face à lui-même avec l’oisiveté pour seule perspective et l’ennui qui monte pour unique avenir. Etre face à soi, et à une certaine vacuité qui s’installe, quelle terrible épreuve ! Comme si l’aspect physique ne suffisait pas, le virus s’est comme attaqué à la dimension morale de l’homme.
Alors vient le « déconfinement » et, par conséquent, le « retour ». Mais, au fait, à quoi ? Ce retour à la vie, au travail, cette réouverture tant attendue sont-ils des façons non dites de s’embourber dans les mêmes ornières ? N’y a-t-il pas une chance de faire retour réellement ? Par un vrai commencement ? Les habitudes ont disparu, tout est à refaire, ne nous laissons donc pas emporter par les tourbillons de l’oubli. Nous pouvons construire un monde neuf, où la vie aura son plein sens. Partons à la découverte de ce nouveau territoire de la conscience qui s’ouvre. Il est grand et beau et nous attend.