L’idée est connue : le judaïsme ne se définit pas simplement comme une « religion ». Ce dernier terme signifie étymologiquement « se relier » à D.ieu par un ensemble de rites définis. Or le judaïsme ne s’applique pas qu’à des instants limités, il est l’ensemble de la vie. C’est dire que les événements de la cité, en apparence sans rapport avec les prescriptions de la loi juive, sont à analyser avec sa vision. Il est donc naturel que l’actualité immédiate fasse partie de notre champ de réflexion. Justement, il se trouve qu’elle est chargée dans bien des domaines. Contentons-nous d’en sélectionner un qui s’impose à tous tant il impacte la vie de chacun : les grèves.
Ces arrêts de travail font partie de l’héritage de la légalité démocratique. Conquis de haute lutte dans l’histoire, ils donnent à entendre les mécontentements, même au prix des désagréments entraînés. Il n’est évidemment pas question ici de s’interroger sur la pertinence des grèves, leurs motivations ou sur les décisions gouvernementales qui y ont conduit. Peut-être faut-il plutôt porter notre attention sur cette dimension du vécu collectif : l’aspect social. De fait, la préoccupation générale, dans un système libéral mondialisé, est prioritairement économique. Mais, si cet aspect est essentiel, il peut aussi laisser au bord de la route ceux qui n’ont pas trouvé de place dans ce train du progrès. Le social est justement là pour donner un accès à tous.
Gardons-nous de l’oublier : le beau mot de « Tsedaka », traduit habituellement par « charité » est loin de ce dernier concept. « Tsedaka », qui vient de l’hébreu « Tsédèk », signifie justice. Il instaure un véritable système de redistribution de la richesse produite. Ainsi, ne faut-il pas entendre ce que ces grèves disent ? La prospérité doit être celle de tous. Il ne peut y avoir d’exclus du monde en construction. Penser à l’autre est primordial, n’est-ce pas aussi penser à soi ?