Que peut-on faire quand le monde semble s’enflammer ? C’est une question qui monte spontanément quand on observe les événements qui voient s’affronter les fureurs de tous bords. Un barbare décoré abattu, des foules qui crient leur colère, des états qui montrent leur force ou menacent, sans même évoquer ceux qui se taisent : tous les ingrédients paraissent réunis, une fois de plus, pour le grand embrasement. Quant à nous tous, simples habitants de la planète, plus particulièrement Juifs dotés de tant d’expérience des orages, si souvent pris dans le torrent des violences, nous nous ressentons comme les spectateurs impuissants et inquiets d’une tempête, peut-être destructrice, en formation. Certes, le pire n’est jamais sûr et l’histoire récente nous a tant montré de drames que nous nous sommes, pour ainsi dire, familiarisés avec l’épreuve. Pourtant, l’angoisse se glisse peu à peu dans les interstices de la conscience…

Comme il fait bon relire les commentaires classiques et d’y découvrir des textes qui parlent au présent, ici le Midrach médiéval Yalkout Chimoni qui puise à des sources encore plus anciennes. Il décrit un temps d’incertitude et de bouleversement, une époque où les nations s’affrontent et où, dans cet orient complexe, le « roi de Perse » s’en prend au « roi d’Arabie ». Il nous fait ressentir la crainte qui monte : « où fuir ? » C’est alors, annonce-t-il, que retentit l’appel éternel : « Le temps de votre Délivrance est arrivé ! » Est-ce à dire que c’est cela qui se produit aujourd’hui ? Aussi belle, bonne et légitime que soit l’idée, on se gardera ici de n’y voir qu’une prophétie de plus. C’est qu’au cœur des conflits cet espoir doit toujours être présent. L’histoire a un sens et nous connaissons son aboutissement. Quand les forces du mal grondent, c’est sans doute aussi parce qu’elles sentent leur fin prochaine.