L’heure est au déconfinement et c’est sans doute, pour tous, un soulagement, comme si des portes s’ouvraient. Ne traitons pas ce sentiment avec mépris, il n’est que bien naturel. Cependant, il ne doit pas nous conduire à oublier un fait essentiel : la décision du déconfinement a été prise à présent compte tenu de contraintes économiques et sociales et non parce que le virus a disparu. Cela n’est évidemment pas condamnable en soi. Un gouvernement est en charge du destin global du pays. Pour cette raison, les problèmes sanitaires le concernent au premier chef mais les questions économiques et sociales font aussi partie de ses préoccupations premières. C’est dire que, dans la situation créée par la pandémie que nous traversons, les autorités doivent parvenir à un équilibre difficile : ne pas mettre en danger la population par des décisions inconsidérées tout en assurant un redémarrage de l’économie nationale et un apaisement des problèmes sociaux entraînés par le long arrêt de l’activité. Ces décisions, aussi nécessaires soient-elles, sont donc par nature insatisfaisantes autant pour les autorités de santé, qui les jugeront imprudentes, que pour les responsables économiques qui les trouveront trop peu ambitieuses.

Quant à nous, citoyens, nous ne pouvons que suivre des directives qui nous dépassent très largement. Mais, comme souvent, le judaïsme nous donne des points de repère. Certes, nous dit-il, toutes les préoccupations citées sont importantes pourtant l’une d’entre elles l’emporte sur toutes les autres : préserver la vie, sauver tout homme, même s’il n’est pas conscient du danger ou s’il se met en péril volontairement. Car la vie est un don de D.ieu et c’est notre bien le plus précieux. Tout peut se rattraper, y compris les difficultés économiques ou de vie sociale, voire de pratique religieuse, mais la vie est unique et rien ne doit venir la mettre en cause même pour les apparemment meilleures raisons du monde. Disons-le, quelles que soient les bonnes intentions qui conduisent à telle ou telle décision, restons vivants !