C’était il y a longtemps, quand l’homme se sentait bien seul, bien faible, bien impuissant face à toutes les épreuves que les grandes forces naturelles dressaient devant lui. Le tonnerre ou les éclairs le faisaient trembler car ils ne savaient pas comment les comprendre. La maladie était souvent pour lui une malédiction que seule la magie pouvait combattre. La fatalité le cernait de tous côtés. Et, quand l’épidémie se développait, alors que les mots mêmes pour la décrire n’existaient pas, c’était le pur effroi qui prenait le gouvernement des choses. La mort déferlait sur le monde, paraissant régner en maîtresse sur le destin des hommes. Puis ceux-ci se rêvèrent une autre vie. Ils refirent la découverte du progrès : on pouvait changer son sort. Tout prit un nouveau sens pour eux et ils finirent par croire que plus rien ne leur résisterait. Ils en vinrent à se voir comme les maîtres ultimes des choses.

Mais le monde matériel, la nature, les éléments : tout cela abandonne rarement son domaine. Voici que des fléaux nouveaux, des épidémies difficilement cernables refont surface. Et l’inquiétude des temps anciens avec elle. Les dénominations mêmes ont quelque chose d’inquiétant : coronavirus, comme une invocation étrangère psalmodiée face à l’inconnu. Et la menace de s’étendre et l’angoisse de se généraliser. Rassurons-nous : D.ieu a donné aux hommes la sagesse pour qu’ils s’en servent et inventent aussi les moyens de la guérison. Toutefois, peut-être ces événements dramatiques sont-ils également porteurs d’une leçon salutaire : que l’homme comprenne qui il est et comme il reste une créature que seul soutient vraiment la toute-puissance de son Créateur.