Morale et politique, ces mots peuvent-ils encore être placés côte à côte avec quelque espoir d’harmonie ? Et d’abord, de quelle morale parle-t-on ? Disons-le autrement : la morale se découpe-t-elle en tranches d’inégale épaisseur ou importance, morale publique ou morale privée ? Et la politique, se souvient-on encore qu’il s’agit de la gestion de la cité des hommes et que, pour la prendre en charge, cela demande, justement, beaucoup de vertu ?
Voilà qu’une affaire finalement assez sombre défraye la chronique et bouleverse ce qui devait être, comme toute élection, l’occasion de peser la qualité de projets et celle des hommes candidats à les mettre en œuvre. Comment en est-on arrivé là ? Certes, la puissance des réseaux sociaux, la probable intention de nuire ne sont guère à démontrer. Mais comment certains peuvent-ils estimer que, dans le noble combat politique, tous les coups sont permis ? Et comment d’autres peuvent-ils penser que, même s’il reste inconnu, un acte sans morale porte profondément atteinte à toutes les valeurs dont on est le porteur ?
Peut-être faut-il reconnaître enfin la modernité de notions plus éternelles qu’anciennes : la pudeur, le respect de l’autre, l’intégrité ? Tout cela résonne sans doute comme des mots d’un autre temps, ce temps-là où un socle commun d’idées à défendre paraissait être la base de la civilisation. Pourtant, au moment où on s’interroge sur le sentiment d’éloignement des citoyens de leurs dirigeants, de l’incompréhension qui se construit entre eux jour après jour, remettant en cause bien des équilibres sociaux, ne convient-il pas de retrouver des cadres stables ?
Un cadre n’est pas obligatoirement une contrainte, tout dépend comment on l’utilise. Il peut être un tuteur, un soutien pour un développement pérenne. La politique peut être grande autant qu’elle est nécessaire. A la morale de tous ceux qui y interviennent – activistes, militants ou responsables – d’être à son niveau. Le bonheur est peut-être au bout de cette reconquête