Le virus rôde, il est partout et la santé individuelle et collective en est bien fragilisée. C’est le message que diffusent, jour après jour, les responsables nationaux ainsi que les médias. Cette attitude est évidemment légitime : elle est celle d’hommes et d’institutions conscients de leur rôle. Dans une telle atmosphère, largement corroborée par les données concrètes, la médecine et ses servants acquièrent une grandeur et une noblesse nouvelles. Ils sont ceux qui veillent sur la population dans son ensemble et qui, demain, apporteront le salut vaccinal que nous espérons tous. C’est justement en de tels moments, où la tension sanitaire et aussi l’anxiété sont si perceptibles, qu’il nous faut remettre en exergue des principes anciens. Fondateurs, ils nous permettent de traverser les tempêtes du temps.

C’est ainsi que le texte de la Torah (Ex. 21:19), parlant de celui qui a reçu un coup et doit être soigné, déclare : « …et guérira, il guérira. » La répétition est aussi volontaire que surprenante : pourquoi dire par deux fois, successivement, le mot « guérir » ? Les sages en ont déduit une idée essentielle : « de là, nous apprenons que permission a été donnée au médecin de soigner et guérir. » De fait, on aurait pu imaginer que, la maladie venant, comme toute chose, du Créateur, il ne serait permis que de s’en remettre à Lui. Et les avancées de la médecine devraient donc être tenus, au mieux, pour sans intérêt. Le verset fonde la légitimité spirituelle de la démarche scientifique. C’est par ce type de réflexion que le judaïsme est présent dans la cité sans que cela lui cause une crise de conscience…

Toutefois, il faut sans doute se garder de cultiver ainsi un orgueil déplacé, une sorte d’affirmation de ses certitudes qui tourne vite au nombrilisme. Comment oublier la sublime prière de Maïmonide, qu’il écrivit en tant que médecin : « Viens-moi en aide, mon D.ieu, pour que je réussisse dans mon travail. Mets dans mon cœur l’amour de la science et de Tes créatures ! Ecarte de moi l’amour du gain illicite et de la gloire, car ces dispositions d’esprit s’opposent à l’amour de la vérité et de Tes créatures ! » Dans les quelques lignes de ce court extrait, tout est dit : l’amour de l’autre, le recours à la science et l’humilité du médecin. En notre époque, cette invocation va encore plus loin que ses propres mots.