A quoi servent, pêle-mêle, les grandes dates, le souvenir, la commémoration ? Les choses, par nature, s’en vont au fil du temps et, toute nostalgie mise à part, vivre uniquement l’instant présent n’est-il pas le sort inévitable des créatures éphémères que nous sommes ?  Et pourtant, force est de constater que le peuple juif, et les ‘hassidim en particulier, a décidément une longue mémoire. Un tel choix est ancien. La Torah nous le commande dès la sortie d’Egypte et la guerre contre Amalek, l’ennemi ancestral : « Souviens-toi ! » Dans la tradition ‘hassidique, le 19 Kislev, date anniversaire de la libération de prison de Rabbi Chnéor Zalman, premier Rabbi de ‘Habad, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, a valeur de Roch Hachana de la ‘Hassidout. Certes, le sens spirituel de ces jours commémorés est clair. Explicité par les commentateurs, il illumine notre perception. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là de jours anciens qui ont connu bien des temps changeants

            Le 19 Kislev arrive ce Chabbat et sans doute est-ce de nature à souligner sa présence, mais l’interrogation de fond subsiste. Pour le vivre comme il le mérite, pour que nous soyons dignes de ce vécu, il nous appartient d’y réfléchir. De fait, le 19 Kislev ne vieillit pas et il n’est que de voir, partout dans le monde, ces milliers de jeunes qui, au côté de leurs aînés, expriment une joie débordante à cette occasion, comme si le temps s’était arrêté et que nous revivions éternellement ce moment du 18ème siècle où la libération de Rabbi Chnéor Zalman est une nouvelle exaltante. C’est qu’une grande lumière apparaît ici, celle de la connaissance de D.ieu et celle-ci, surgissant dans l’éternité, dépasse le temps. En notre temps incertain et obscur, elle est un guide et une espérance. Vivre la joie de la compréhension et du lien avec D.ieu. Connaître les chemins qui, par l’effort, mènent à Lui. C’est le défi du moment. Nous avons tous reçu mission de le relever.