C’est peut-être la grande question du moment. Elle est sur toutes les langues, dans toutes les têtes, comme si tout en dépendait : masque ou pas masque ? Il est vrai que, jusqu’ici, l’expression « avancer masqué » relevait plus d’une description de l’hypocrite que du rappel d’un impératif sanitaire. Alors, ne plus voir le visage de celui que l’on croise, ne plus être certain de qui l’on rencontre voire d’à qui on s’adresse a quelque chose de perturbant. De fait, le visage, parce qu’il révèle les sentiments, a toujours été un élément central des rapports sociaux. Et voici qu’il faut se contenter du regard…

Bien sûr, l’exigence sanitaire est incontournable et, dans ce cadre, on ne prétendra pas la remettre en cause. La préservation de la vie, de la santé, la sienne et celle des autres, fait bien partie des idées forces du judaïsme. Souvenons-nous du mot fameux de Maïmonide : « un corps en bonne santé est un des chemins du service de D.ieu. » Mais comment vivre pleinement dans un monde sans contact social, où les hommes, par la force des choses, doivent mettre une distance entre eux, ne plus se côtoyer et, à présent, ne plus se voir ?

Et si c’était là l’occasion de plonger dans le regard toujours visible, cette porte ouverte sur l’âme ? Si, brutalement, cela nous conduisait à ne plus nous contenter de l’extérieur mais à aller vers le profond de chacun. On peut décider, en un tel temps difficile, d’appauvrir les relations humaines ; on peut aussi décider de les enrichir. Et si ce masque était une façon de négliger l’apparence, de nous regarder vraiment ? A nous de choisir.