Je rencontre, souvent, des personnes qui apprécient le mouvement ‘Habad et le travail que ses membres font. Pourtant même si les compliments font toujours plaisir, c’est, tout de même, avec une certaine appréhension que je les reçois, car j’ai l’impression qu’elles n’entrevoient qu’une infime parcelle de la nature de ce mouvement.

Nous avons tous notre Louba de service, celui qui nous met les Téfilin aux carrefours des grandes capitales, celui qui nous accueille lors de nos voyages à l’autre bout du monde, celui qui rappelle d’allumer les bougies de ‘Hannouca, celui qui distribue les Michloa’h-Manot et les Matsot Chmourot ou le ‘Hassid qui danse frénétiquement à Sim’hat-Torah. Mais combien de gens s’interrogent sur ce qui les motive, sur ce qui les pousse à agir différemment que les autres pratiquants ? D’où viennent donc cette abnégation et cet engagement ?

Nous commémorons, ce vendredi 24 Teveth, la Hilloula de Rabbi Schnéour-Zalman de Liadi, fondateur du ‘Hassidisme de ‘Habad – Loubavitch. Cet homme se caractérisa, par rapport aux autres maîtres des écoles ‘Hassidiques, en défendant l’idée que l’héritage du Baal Chem Tov devait être traité et développé d’une manière méthodique et avec toutes les capacités intellectuelles – appelées ‘Ho’hma, Bina et Daath. D’après lui, les dimensions mystiques de la Torah peuvent être et doivent être mises à la portée de chacun.

Il avance, aussi, que les sentiments spontanés, sans la base d’une réflexion et du savoir, n’ont qu’un caractère superficiel. Seuls l’étude, la réflexion, et le travail sur soi assurent une stabilité des sentiments.

Au travers de ses enseignements, chaque aspect de l’existence prend une autre dimension : le monde matériel, le spirituel, l’âme, le prochain, la Torah et les Mitsvot deviennent des balises lumineuses qui nous mènent au but de la Création. Les termes de « Demeure pour D.ieu ici-bas » prennent une vraie ampleur.

C’est cette pensée ‘Hassidique qui anime, en fait, ce cascadeur du Judaïsme qu’est le Loubavitch. Ce sont les idées enseignées par nos maîtres sur la valeur d’autrui et le sens profond des commandements et de l’existence en général, qui donnent naissance à cette joie et à cet engagement particulier.

Aujourd’hui le Loubavitch est connu et reconnu pour son engouement pour l’espoir messianique. Cette fougue est-elle, encore, une fantaisie du mouvement ?

En réalité, nous pouvons apporter à ce phénomène la même explication qu’aux premières interrogations.

La ‘Hassidouth dévoile l’aspect profond de la Création : un raffinement perpétuel menant à l’ère messianique. Lorsque le Rabbi annonça qu’il fallait se préparer à la venue de Machia’h, il suggéra que l’on étudie les textes relatifs aux prophéties messianiques. Seule une étude approfondie de ce que représente véritablement – dans l’esprit des prophètes et des maîtres de Judaïsme – les Temps messianiques nous fera prendre conscience et nous donnera le sentiment que ceci n’est pas une utopie lointaine.

La ‘Hassidouth nous encourage à ne pas rester passifs face à l’histoire qui s’écrit ; nous devons être les auteurs de l’œuvre qui parachèvera la Création. La Guéoula appartient à notre génération !

Rav Elie Dahan