Sarah Halimi, c’est le nom d’une personne devenu celui d’une « affaire » et une telle évolution n’est jamais bon signe… Les circonstances atroces du meurtre, la barbarie et l’antisémitisme manifestes de son auteur, tout cela est aujourd’hui connu. Voici que la plus haute juridiction française vient de décider que, en dépit de tout, l’assassin ne sera pas jugé et que le crime restera impuni. Le droit pénal dispose d’un terme bien élégant pour justifier cela : l’irresponsabilité. Le meurtrier avait pris de la drogue, trouvant ainsi le moyen d’échapper à la justice des hommes.

Tout citoyen peut ici s’interroger : quel est donc le but de la justice et quelle est sa fonction ? L’institution judiciaire est là pour résoudre les litiges et assurer l’harmonie, la paix et la sécurité des membres d’une collectivité. C’est dire que, quelles que soient ses décisions et de quelque façon qu’elle les fonde, elle ne peut oublier le but qu’elle recherche par nature. Si elle se trouve dans la situation de dispenser un assassin de jugement tout en reconnaissant sa culpabilité, n’y a-t-il pas une sorte de déviation dangereuse ?

Allons plus loin : un homme doit-il être jugé selon ses actes ou selon sa perception, éventuellement distordue ? Il faut le souligner : pour le judaïsme, la morale est d’abord celle de l’acte car celui-ci est objectif. C’est lui qui s’inscrit dans la réalité des choses, qui les transforme positivement ou à l’inverse. Juger l’acte, c’est donner sa pleine place à la justice. Invoquer des raisons autres, c’est nier la place du réel dans la vie. Est-ce ainsi que doit avancer la société ? Vers une perte du lien avec la réalité ? Le peuple juif est une sorte de vigie, il sait reconnaître ces errances… pour appeler à les corriger